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Vārdi: Barbara. Le 4 Novembre.

A cinq heures, un quatre novembre,
Le ciel etait couleur de soufre
Et le premier noir que j'ai vu
Courait avec un arrosoir,
Un arrosoir plein de mazout.
Un peu plus tard, j'ai vu les flammes.
Il parait que toutes les voitures y sont passes,
Y compris la Bentley de Monsieur.
J'ai aussi entendu des cris,
J'ai vu des gens qui defilaient.
Pour les uns,
Une bien belle journee.
Pour les autres...

A cinq heures, un quatre novembre,
Le ciel etait couleur de soufre
Et le premier Blanc que j'ai vu
Brandissait une carabine.
Il a tire cinq, six cartouches
Sur les noirs qui poussaient des cris,
Puis il s'est verse un whisky.
Ce monsieur-la,
C'etait Monsieur.
Moi, j'arrivais pour etre fille,
A cinq heures, un quatre novembre.
Le ciel etait couleur de soufre
Et, ce jour-la, precisement,
On praclamait l'independance.

Rigolo, non ?
Des mois que je preparais mon coup,
Des mois que je revais au jour ou
Je cesserais de vendre de la pacotille
Dans une ridicule boutique de la Chaussee d'Antin
Pour etre enfin putain. Putain : mon reve !
Des mois que j'economisais
Pour pouvoir acheter des dentelles, des bras noirs,
Des frusques amoureuses, des affutiaux pervers,
Du linge interessant, quoi.
Des mois que j'inventais des caresses dans ma tete
Et des baisers et pire que ca.
Des mois...
Et, un lundi, dans un bureau de tabac,
La Providence : un Corse qui connaissait la filiere.
Il m'a tout donne : l'heure du bateau, le prix du voyage
Et il a fallu que je debarque precisement
Ce foutu quatre novembre !

Putain,
Moi, je n'ai pas pu l'etre.
Le lundi, ce quatre novembre-la,
Le bordel ferma ses portes
Et toutes les filles s'en allerent.
Moi, je suis restee,
Pas pour faire la putain :
Pour soigner la goutte de Monsieur